Immobilier: c'est le moment de faire de bonnes affaires!
Après dix-huit mois d'attentisme, le marché se réveille, avec le début de la baisse, tant attendue, des prix. Encouragés par les faibles taux d'emprunt, les acheteurs réapparaissent. Tandis que les vendeurs acceptent, enfin de négocier. Un moment idéal pour chercher la bonne affaire.
Prix: enfin la baisse.
La situation ne pouvait plus durer. Depuis deux ou trois mois, le marché semble se réveiller. "La baisse a commencé", assure Stéphane Imowicz, directeur général de Crédit Foncier immobilier.
Et pas seulement dans les zones rurales et les villes moyennes, les premières à avoir décroché.
Aujourd'hui, les grandes métropoles - Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux - tout comme la région Ile-de-France sont elles aussi touchées par ce mouvement de fond. Avec plus ou moins d'intensité selon la qualité et l'emplacement des biens.
Désormais, la plupart des acquéreurs n'ont de cesse de négocier les prix - encore élevés. Et après des mois d'attentisme pendant lesquels les ventes ont chuté, selon les villes, de 20 % à 50 %, dans le neuf comme dans l'ancien, la baisse tant espérée semble s'installer pour de bon.
De Marseille à Grenoble, de Bordeaux à Tours et à Strasbourg, en passant par Caen, Rennes et Nantes, et même à Paris et en région parisienne, les prix reculent de 3 % à 10 % en moyenne. Préoccupés par la situation économique et leur pouvoir d'achat en berne, les Français ne peuvent (ou ne veulent plus) cautionner des valeurs qui ont été multipliées par deux en dix ans.
Des transactions en chute libre.
Nombre annuel de transactions dans l'ancien, en milliers.
"Les rares acquéreurs décidés recherchent avant tout des valeurs sûres, avec déjà à l'esprit les conditions de la revente", affirme Roger Abecassis, président du groupe Consultants Immobilier. "Ils ne prennent donc plus aucun risque", souligne Eric Vincent, directeur de l'agence Emile Garcin Rive gauche.
D'où une certaine nervosité qui fait échouer les transactions.
Même indécision dans le neuf, où, observe Christian de Gournay, président du directoire de Cogedim, "les annulations ont été multipliées par 2 ou 3 en deux ans". "Les couples signent le vendredi et renoncent le lundi", regrette le patron de l'Etude Caraudrey, située dans le Marais, à Paris.
"Nous sommes sur un marché à deux vitesses, celui de l'Ile-de-France, où la demande est toujours présente, et celui des régions, où règne l'attentisme"
Guy Nafilyan, PDG de Kaufman & Broad
Le haut de gamme souffre lui aussi
Sur ce marché, "qui se nettoie et s'assainit", observe Olivier Bokobza, directeur général adjoint du pôle résidentiel de BNP Paribas Immobilier, tous les logements sont désormais concernés. Le haut de gamme, jusqu'ici épargné par la crise, commence, lui aussi, à souffrir. "Les appartements qui se vendaient sur un claquement de doigts, c'est fini", martèle Thibault de Saint-Vincent, président du groupe Barnes.
Un afflux de biens est à prévoir
Ce n'est sans doute que le début. En cette rentrée, la correction se généralise. Surtout qu'après des mois de tergiversations, "les vendeurs ont pris conscience du changement de mentalité des acheteurs, plus exigeants, et acceptent plus volontiers de revoir leurs prix", constate Roger Abecassis. Certains propriétaires préfèrent désormais baisser leurs prétentions avant même de se présenter en agence plutôt que subir une longue et incertaine négociation. Sans regret : ils réalisent aujourd'hui qu'il ne servait à rien d'attendre et que les prix ne se remettront pas à flamber de sitôt.
D'autant que l'offre, déjà étoffée depuis la fin du printemps, risque encore de s'accroître cet automne. L'allongement du délai (de quinze à vingt-deux ans) pour bénéficier d'une exonération de plus-value lors de la cession d'une résidence secondaire avait découragé les investisseurs ; l'abattement exceptionnel de 25 % annoncé pour les ventes réalisées entre le 1er septembre 2013 et le 31 août 2014 va les pousser à se débarrasser de leurs studios et 2-pièces. Un afflux qui devrait renforcer le mouvement de baisse des prix.
"A l'avenir, il n'y aura plus de fortes hausses ni de grandes baisses"
Laurent Vimont, président de Century 21 France
C’est le moment d’acheter.
Dès lors, qu'attendent les acheteurs pour se repositionner ? Si certains ont déjà retrouvé le chemin des agences et des bureaux de vente, la plupart des candidats à l'accession doutent encore.
La raison de cette hésitation ? "Beaucoup anticipent une forte baisse des prix", décode Stéphane Atlan, directeur des agences Royalimmo, à Paris. Ils ont tort. "Il n'y aura pas d'effondrement", martèle Laurent Vimont, président de Century 21 France. Face à une demande structurellement forte accompagnée d'une offre largement insuffisante, notamment dans le neuf, où les professionnels, échaudés par les crises précédentes, ont joué la prudence, le krach - comme l'explosion d'une bulle - semble bien peu probable.
Même une forte remontée des taux - on n'en prend pas le chemin malgré les récentes hausses qui ont mis fin à une parenthèse exceptionnelle - ne permettrait pas de faire dégringoler les prix. "Tout juste cela conduirait-il à une légère accélération de la baisse", assure Sébastien de Lafond.
Inutile donc d'attendre : les conditions d'emprunt restent excellentes, les prix décroissent - les deux conjugués offrant "un pouvoir d'achat supplémentaire d'environ 15 %", selon un expert - et, enfin, "l'acheteur est en position de force", affirme Laurent Vimont. En résumé, "c'est vraiment le moment d'acheter", insiste Jean-François Buet, président de la Fnaim.
Pas question cependant de se presser outre mesure. Dans un contexte économique toujours dégradé, avec une croissance molle et un chômage persistant, "la sortie de crise risque d'être lente", souligne Michel Mouillart.
Un redémarrage suppose de nouvelles bases acceptables à la fois par les acquéreurs et par les vendeurs. Au mieux, la reprise s'effectuera au second semestre 2014, estime le Crédit Foncier de France… En attendant, la lente décrue va se poursuivre, sans exclure "des corrections en dents de scie", pronostique Laurent Vimont. Le retour à la normale se fera donc très progressivement.
"Sauf cataclysme, dépression ou krach obligataire, nous assisterons, en 2014, à la poursuite de la lente amélioration du marché"
Michel Mouillart, économiste, spécialiste du logement
Source l'Express, article de Corinne Scemama