Les banques jouent-elles le jeu ?
Non seulement les établissements bancaires n’ont pas répercuté toute la baisse des taux, mais ils sont de plus en plus sélectifs. Dans son dossier annuel consacré à l’immobilier, le Nouvel Observateur pose la question de l’attitude des banques et de leur politique de marges dans un marché immobilier tendu.
Depuis quelques semaines, certains établissements bancaires remontent leurs taux de crédit immobilier. En mars 20% des banques ont relevé leurs taux.
Après avoir atteint un plancher historique en février, à 3,13% selon l’Observatoire Crédit Logement / CSA (contre 3,93% un an plus tôt), ils risquent donc désormais davantage de remonter que de baisser.
Voilà qui ne va pas améliorer la situation d’un marché qui se contracte fortement : alors que les banques avaient distribué plus de 147 milliards d’euros en crédits en 2011, elles en ont accordé moins de 120 milliards en 2012. Et devraient en signer moins de 100 cette année…
La dernière enquête mensuelle de la Banque de France, publiée mi-mars le confirme : 13,2% des banques reconnaissent avoir durci leurs conditions d’octroi de prêts en janvier. Pour réduire les risques au minimum, les prêteurs passent désormais tout au crible : valeur du bien acheté, taux d’endettement (30% maximum) et revenu restant une fois payées les mensualités. Ils ont définitivement adopté les critères mis en place en 2009 : des durées de prêt plus courtes et un apport personnel nettement plus élevé.
La réalité, confirme Ulrich Maurel, fondateur du courtier Immoprêt, « c’est que les banques sont en train de se refaire une santé… sur le dos des emprunteurs ». La Banque de France le reconnaît : les établissements bancaires relèvent leurs marges sur les profils les plus risqués. Cela explique que les taux n’aient pas continué à baisser alors que les conditions de refinancement des banques se ont améliorées. En un an, le taux de l’OAT, indice de référence des taux de crédit immobilier, est passé de 3,2% à 2%, alors que le taux des prêts sur 15 ans est passé de 3,9 à 3%. La différence va dans la poche des banques ! Sur les 100 milliards d’euros de prêts accordés, pour une durée moyenne de 15 ans, cela représente un gain de … 4,5 milliards d’euros. Et en cas de remontée des taux, les banques suivront scrupuleusement le mouvement.
Les premières victimes des nouveaux critères sont les jeunes, aux revenus insuffisants, et ceux qui se lancent dans un premier achat, dont l’apport est jugé trop faible.
Source : Le Nouvel Observateur, par Eric Tréguier