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Encore anecdotique en France, le logement participatif commence pourtant à s’inscrire comme une tendance de fond selon une étude réalisée par Harris Interactive pour Orpi.

Avoir accès à un grand jardin, une chambre d’ami ou encore une laverie partagés avec nos voisins à moindre coût ? On dit oui ! L’habitat participatif intéresserait près d’1/4 (23%) des Français, charmés par ce modèle alternatif d’accès au logement déjà très en vogue dans les pays Nordiques. Mais l’habitat participatif qu’est ce que c’est ? Selon la loi ALUR pour l’accès au logement et à un urbanisme rénové approuvée en 2014 par Sylvia Pinel, alors ministre du Logement, l’habitat participatif est une démarche citoyenne qui permet à un groupe d’habitants de s’associer pour participer à la conception, la réalisation, puis la gestion au quotidien d’un immeuble destiné à leur habitation. Cette loi a donné un nouvel élan à l’habitat participatif et l’a surtout doté d’un véritable statut, d’une reconnaissance officielle et d’un cadre légal.

Plus économiques, les habitations sont conçues collectivement pour satisfaire l’ensemble des futurs propriétaires et répondent souvent à des critères écologiques, elles promeuvent une nouvelle manière de vivre ensemble. Pour 73 % des sondés, les principales raisons de cet intérêt sont très pragmatiques : la possibilité de partager les charges et de rendre le quotidien plus pratique. Mais les partisans de l’habitat participatif défendent souvent la mise en avant de valeurs communes telles que la solidarité et la volonté d’être acteur de la construction de leur logement. Les jeunes (18-24 ans) sont encore plus séduits par l’idée, ils sont 33% à se dire prêts à intégrer un logement de ce type. Les initiatives se multiplient en France à l’instar du Printemps du Cohabitat qui a eu lieu l’année dernière en Île-de-France ou du festival de l’habitat participatif de Rians tenu le 14 et 15 mai dernier. Manifestations de l’intérêt croissant des Français, ce modèle alternatif se diffuse progressivement dans les grandes villes comme dans des territoires moins urbains.

L'Habitat participatif, comment ça marche?

Le terme de l'Habitat participatif est un terme générique qui couvre des initiatives très diverses, comme des coopératives d'habitants, des éco-villages ou éco-hameaux, ou des projets en autopromotion ou en partenariat avec des bailleurs sociaux. La diversité des projets ne peut réduire ces initiatives à une série de critères limitants ou label. Ceci étant dit, deux principes sont aujourd'hui reconnus comme fondamentaux et "non négociable" :

  • La présence active et déterminante des futurs habitants au moment de la programmation et de la conception de leur cadre de vie ;
  • L'action collective développée par les participants qui s'organisent selon les principes de la coopération et qui disposent de réelles marges de manœuvre décisionnelles.

Les objectifs de ces projets sont très variés en fonction des conditions de naissance de l'initiative, d'enjeux locaux, le jeu des acteurs, l'emplacement et la taille. Néanmoins nous rencontrons souvent des intentions similaires, comme par exemple :

  • Créer une place centrale pour les habitants dans la phase de la programmation et de la conception de leur cadre de vie
  • Chercher une diversité générationnelle, sociale et fonctionnelle, ou au contraire une solution adaptée à un public spécifique.
  • Créer un voisinage convivial, actif et solidaire
  • Garantir une gouvernance démocratique toute au long du projet
  • Devenir un acteur citoyen compétent et responsable avec une réelle capacité d'agir
  • Construire des ensembles de logements correspondant aux besoins des habitants et respectant la sphère privative de chacun
  • Offrir de nouvelles options au quotidien par la coopération entre voisins
  • Diminuer l'empreinte écologique de l'habitat Rendre des logements de qualité accessibles au plus grand nombre par la diminution des coûts.

L'Habitat participatif est une solution est une solution intéressante pour ceux qui souhaitent "Habiter autrement". Elle s'adapte à pratiquement toutes les situations et configurations de groupe. Résumons l'idée qui est simple: des particuliers se regroupent afin de concevoir, de financer et de réaliser ensemble un projet immobilier, conçu pour répondre à leurs besoins d'espace, aux attentes sociales ainsi qu'aux possibilités de financement de chacun. Les avantages sont nombreux:

Les habitants conçoivent leurs espaces individuellement en fonction de leurs besoins, leur créativité et leurs moyens. Cette possibilité n'existe pas sur le marché conventionnel avec une offre forcément standardisée. Les programmes prévoient généralement des équipements et espaces mutualisés, par exemple: salle des fêtes, chambres d'amis, espace vert, aire de jeu... Ces espaces favorisent la rencontre entre voisins et renforcent le lien social. Les habitants rencontrent leurs futurs voisins bien avant l'emménagement et partagent avec eux l'histoire passionnante de la conception et de la réalisation de leur projet d'habiter autrement. C'est un voisinage choisi au lieu d'un voisinage subi. Avec l'Habitat groupé la mixité sociale et générationnelle devient possible. La coopération au quotidien offre de nombreuses nouvelles options basées sur la complémentarité des besoins et disponibilités. L'autopromotion coûte moins cher. L'évitement des intermédiaires permet une économie de 15 à 20% par rapport à un logement du marché privé à qualité égale. Comment? Simplement grâce au fait que vous ne payez ni les frais de publicité ni la marge bénéficiaire du promoteur. Ici, les promoteurs sont les futurs habitants. La prise en charge de certains travaux de finition peut générer une économie supplémentaire allant jusqu'à 15%. Ce sont des véritables projets d'économie citoyenne.

Voisinage convivial et solidaire, coopération au quotidien, qualité des rapports humains, économie d'échelle, richesse architecturale et coûts diminués; l'Habitat participatif permet aujourd'hui et partout la création d'un habitat de qualité, convivial et accessible.

Des exemples :

Ecologis à Strasbourg (2010)

Après six années de travail et une année de chantier, toutes les familles du projet Eco-Logis Neudorf ont emménagé dans l'immeuble en août 2010. Mené par un groupe de citoyens souhaitant y habiter ou investir, ce projet étant fédéré par l'association « Eco-Quartier Strasbourg » pour en faire bénéficier le plus grand nombre, il se situe dans l'îlot Lombardie, quartier strasbourgeois en renouvellement urbain, constitué partiellement de friches industrielles et d'habitat vétuste.

Sa conception réunit les trois piliers du développement durable :

  • le social en proposant des espaces de vie collective (salle commune, chambre d'amis, buanderie) et des moments de convivialité, en favorisant l'entraide et les relations de bon voisinage, tout en respectant l'autonomie de chacun,
  • l'économie en favorisant les filières environnementales de construction et en proposant des logements de qualité à des prix adaptés aux investisseurs,
  • l'environnement en favorisant les techniques économes en énergie, des matériaux naturels et en favorisant les comportements de vie éco-responsables.

Programme : 11 logements sur 3 niveaux plus 1 niveau attique, 1 espace commun pour les habitants du bâtiment, 1 parking sous-terrain avec seulement 6 emplacements. Des accès aux logements situés coté nord. Des balcons situés au sud. Structure: sous-sol en béton, étages en bois.

Les Quatre Vents à Toulouse (2016)

Les futurs habitants de la première résidence 100 % habitat participatif de Toulouse ont posé sa première pierre le 26 mai 2016 à la Cartoucherie. Parmi les 89 logements, 17 sont dévolus à la première coopérative d'habitants de la région.

Ils s'appellent Thomas, Chantal, Ludovic, Pierre, Rachel ou Françoise, ils sont 21, âgés de 0 à 80 ans, et ont choisi d'habiter différemment. Dans 18 mois, ils emménageront dans la résidence les «Quatre Vents». Une résidence particulière, où chacun occupera son propre appartement, mais qui sera équipée de nombreux locaux communs : chambres d'amis à chaque étage, lave-linge, grande pièce de 55 m2 avec atelier de bricolage, jardin sur le toit… La liste peut encore s'allonger à l'infini, puisque tous ces habitants ont fait le choix de vivre la ville autrement. De partager tout ce qui peut l'être. Les 21 membres de la coopérative «Abricoop» sont enseignant, retraité, ingénieur, chauffeur, ou parent au foyer, et ils ont dessiné leur immeuble et leurs appartements avec l'architecte du lieu. C'est l'un des avantages de l'habitat participatif.

«C'est aussi de longues soirées de travail, des week-ends à se réunir pour discuter de tout : couleur des murs, taille des prises, équipements», raconte Thomas, l'un des piliers du projet.

«Nous voulons sortir du chacun chez soi. Partager nos connaissances, que les jeunes aident les vieux pour les tâches trop physiques, que les vieux aident les enfants à faire leurs devoirs», évoque Chantal, une autre «abricoopine».

Après cinq ans de travaux en commun, la première pierre a été un moment d'émotion. «C'est la concrétisation de nos envies, nous allons suivre le chantier de près», avoue Thomas. Avec l'avantage pour les habitants de pouvoir, en plus, profiter de l'accession sociale à la propriété. Une initiative rafraîchissante.

Sources:

L'Obs par Garance Muñoz

Toits de Choix

Eco-Quartier Strasbourg

La Dépêche

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P
Ce n'est pas de la colocation, mais de la copropriété. Les espaces communs sont définis par les copropriétaires eux-mêmes selon leur projet, puis que c'est de "l'auto-promotion".
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C
Ces habitats sont certes économiques, mais je ne pense pas qu’ils conviennent à tous. Ça peut plaire aux jeunes, car c’est de la colocation. Mais pour les familles avec des enfants ou des personnes âgées, je pense que ce n’est pas très évident. Le concept reste tout de même très intéressant.
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