Les mandataires immobiliers, ou comment appeler un chat un chat…

La toute première des pratiques douteuses des réseaux d’agents commerciaux en immobiliers est celle de leur appellation. Aujourd’hui rentrée dans le langage commun dans la profession, le titre de « mandataire » ne veut pourtant rien dire en tant que « fonction ».

Définition : Un mandataire est une personne qui est chargée d’un mandat, c’est-à-dire le pouvoir de représenter son mandant dans un acte juridique, voire commercial.

Donc le mot « mandataire » qualifie le lien juridique entre celui-ci et son mandant ou son client.

Mais ce n’est pas une fonction, encore moins un métier !

C’est comme si un expert-comptable se présentait comme « missionné », un transporteur comme « loueur d’industrie ».

Dans le domaine de la transaction immobilière, il n’existe que des mandataires. Que l’on soit agent immobilier, négociateur salarié, agent commercial, pas de mandat pas de chocolat !

La loi Hoguet interdit à quiconque s’entremettant dans une affaire immobilière d’agir sans mandat (et accessoirement avec un formalisme très rigoureux).

L’agent commercial en immobilier est le mandataire de son mandant l’agent immobilier seul détenteur de la carte professionnelle, de la garantie financière et de l’assurance l’autorisant à s’entremettre pour le compte de ses mandants. C’est l’agent immobilier qui détient de ses clients (lesquels n’appartiennent pas à l’agent commercial) un mandat pour proposer son bien à des acquéreurs potentiels (mandat de vente), ou lui proposer des biens en vente (mandat de recherche).

Pour un agent commercial en immobilier, se présenter vis-à-vis de la clientèle comme un « mandataire » est une pratique trompeuse. Car ce n’est pas lui qui sera le mandataire de son client, mais l’agence (ou le réseau) qu’il représente. Et pourtant c’est bien en ce même agent commercial que le client aura mis sa confiance !...

Le mandataire indépendant

Une autre appellation très fréquente est celle de « mandataire indépendant » ou pire « agent indépendant ».

Quand une agence immobilière, ou un agent immobilier se qualifie d’indépendant, c’est par opposition aux agences franchisées (Century 21, Guy Hoquet, etc).

Dans le cas de notre agent commercial « mandataire », le terme indépendant ne qualifie que son statut fiscal et social.

Pour ce qui est de l’utilisation du terme « agent indépendant », on frôle le pénal. Voir : Vrais faux agents immobiliers.

Mais un « travailleur indépendant » est un professionnel qui exerce à son compte une activité économique ; il exerce en son nom et sous sa responsabilité propre.

Ce qui n’est bien entendu pas le cas de notre agent commercial en immobilier vis-à-vis de ses clients !

Alors pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Pourquoi les réseaux de « mandataires » ne se présentent pas pour ce qu’ils sont ? C’est-à-dire « réseau d’agents commerciaux en immobilier »… Pourquoi les agents commerciaux de ces réseaux ne se présentent-ils pas (ou très rarement) pour ce qu’ils sont, comme les y oblige la loi Hoguet ? C’est-à-dire des « agents commerciaux en immobilier »…

Je n’y vois que la volonté de brouiller les cartes. Embrouiller les clients qui n’ont bien sûr pas les connaissances nécessaires pour savoir avec qui ils traitent. Embrouiller les candidats à la profession qui au début ne sont pas non plus capables de bien comprendre l’organisation de la profession.

Négociateur pour une agence immobilière « vitrée » (agent commercial ou salarié), agent commercial d’un réseau dématérialisé, on fait tous le même métier… alors pourquoi se cacher derrière son petit doigt ?